Blogueurs, blogueuses, on vous ment, on vous spolie.
(tiens ça me rappelle quelque chose cette phrase... ^^)
Mes chers compatriotes, on en est là. En fait, nous y sommes depuis des années. Quelque chose comme 2009, depuis que des malins eurent importé les méthodes de Jeff Walker et consorts pour nous la servir ici.
Nous en sommes là, avec des articles utilisant tous le même vocable :
- Super
- Sensationnel
- Extraordinaire
- Le truc qui
- La méthode pour
- Les X astuces
- Exceptionnel
Nous en sommes là. Avec des méthodes qui disent toutes la même chose depuis des années. Il parait que si ces articles fonctionnent, c’est parce qu’il y a une demande.
La banalité de l'exceptionnel
Si ça fonctionne, c’est sans doute parce que d’une, c’est assez facile à produire : "repomper" ce qui se fait chez le concurrent, l’adapter à sa sauce, ça demande moins de temps qu’une création originale. Et sans doute aussi parce que l’offre à côté de cela est d’une rare pauvreté.
Mais, ça se partage beaucoup sur les réseaux allez-vous me dire. Effectivement, pas besoin de lire le billet, le titre fait tout le boulot. Plus de 50% des internautes partagent sans jamais lire une ligne du billet (ce qui m’arrive aussi, quand je fais confiance à la source du billet).
Nous sommes là, depuis près de dix ans, à balancer du vocabulaire pour donner un impact artificiel à nos écrits. J’aime les mots, et j’avoue que j’ai du mal à utiliser des superlatifs quand ils ne s’imposent pas. En revanche, pour d’autres, l’emploi du superlatif est d’une banalité. Tout est merveilleux, splendide, extraordinaire. La drogue, ce fléau.
Quand le sensationnel devient habituel, donc, ennuyeux
Ces gens s’ennuient-ils à ce point dans leur quotidien ? Auraient-ils si peu foi en eux qu’ils en arrivent à se cacher derrière tant d’artifices ? Parce que qui dit drogue, dit problème (je peux vous le dire, je suis passé par là, en vrai).
Je me suis « amusé » (veuillez noter les guillemets) à lire certains billets en mettant de côté l’humour inutile et les superlatifs en tout genre. Effectivement, le billet devient tout de suite très…. Très… bah très Drucker un dimanche après-midi. Vite, on change de chaine.
Tout cela part d’un bon sentiment, celui de vouloir « aider » l’internaute à créer de bons contenus qui vont se partager, être commentés, des contenus qui seront, ah, mais comment ils disent, ah oui, je sais : impactant. Ah ça, l’impactant, ils aiment.
L’impactant, c’est comme la drogue. Plus t’en prend, plus t’es habitué. Donc, si tu veux encore de l’impact, faut en prendre encore plus. Jusqu’à l’over dose.
La blouse blanche
Alors, pour ce faire, on y va en mode scientifique, par ce que le scientifique, c’est comme dans la pub pour dentifrice, le type avec la blouse, ça fait sérieux, crédible. Ouaip, mais ça reste une pub, et un acteur avec une blouse reste un acteur avec une blouse.
Alors donc, on y va avec des chiffres dans tous les sens, des tips de partout, de l’infographie en veux-tu, en voilà. Avec tout ça, voilà ce que l’on vous promet :
- Des articles qui vont scotcher les lecteurs
- Des contenus hypnotiques
- Un SEO qui cartonne, que même mémé pourrait le faire (trop facile le SEO)
- Un content marketing de folie
- Des mailings qui transforment
Et j’en passe et des meilleures. Avec tout ça, si vous n’êtes pas foutu de créer un blog qui arrache tout sur son passage, vous n’avez vraiment rien compris et il serait temps de penser à une reconversion dans le tricot.
C'est quoi une différence
Dites-moi, qu’est-ce qui rend la Tour Eiffel si magique ? D’abord, sa date de construction. Ensuite, c’est sa dimension unique. Il n’en existe qu’une seule. Alors oui, là, on peut utiliser des tonnes de superlatifs, c’est mérité. Mais, s’il existait des centaines de Tour Eiffel, tout de suite, ce serait bien plus banal, moins marrant.
Les articles de blog, c’est pareil. Si vous essayez toutes et tous de suivre les « méthodes scientifiques pour déclencher des torrents de trafic et de partage sur votre blog », je vais vous dire ce qu’il va se passer, parce que cela fait 10 ans que je l’observe.
Vous êtes prêts ? Vraiment ? Attention, parce que ça, c’est le pilier du billet, le truc, le machin sensationnel, c’est l’extra kiff que si tu l’donne à ta grand-mère, elle va pas s’en remettre (ça veut rien dire, mais ça occupe, ça distrait, ça fait genre gars qui a de l’humour).
Je vais vous le dire ce qui va se passer. Normalement, les plus malins, les plus éveillés, les plus futés ont déjà compris.
Mais laissez-moi vous dire un truc d’abord (vieille astuce de copywriting ça, je te promets de te dire un truc, mais en fait, pas tout de suite, j’ai un autre truc à te dire d’abord, tadam, tu le sens le suspens façon
série B là ?)
Certains de mes articles furent partagés plusieurs centaines de fois. Et pourtant, j’ai pas utilisé d’ingrédient magique, de technique ceci, ou de recette cela. J’ai juste mis mon expérience, mon ton, mon envie, et j’ai envoyé.
Bien sûr, j’ai un peu bossé le titre, mais pas avec les trucs de copywriter que vous lisez dans tous les billets du monde non, j’ai bossé le titre juste pour interpeller le lecteur avec quelque chose de différent de ce qui se fait. Vous commencez à capter ?
Un leader ne suit pas
Vous voulez toutes et tous vous démarquer. Et vous suivez toutes et tous les mêmes recettes.
Alors, en suivant toutes les méthodes, bah il ne va rien se passer (le bon sens, c’est quand même redoutable vous ne trouvez pas ?). Parce que justement, vous êtes bien dans le rang, à faire comme vos voisins, vos concurrents. Vous croyez que c’est ainsi que vous allez donner envie aux internautes de venir vous lire ?
J’sais pas, mais mon petit doigt me dit que non. Oui, il est rabat-joie mon petit doigt, mais il a des conseils terriblement efficaces (tu l’as vu passer le superlatif qui vient bien appuyer le propos là ?).
Vous pouvez lire les méthodes, vous pouvez en garder deux ou trois trucs. Mais la vérité est ailleurs. Il se dit que la vérité est à l’écran, c’est pas faux. Alors, regardez votre écran. Regardez vos stats. Et que voyez-vous ? Rien. Bah voilà.
Le parfum, le gout, l'odeur
Pourquoi ? Parce que vous n’avez pas de goût, pas d’odeur distinctive, rien qui ne vous démarque vraiment des autres. Ce n’est pas avec une vague tentative d’humour et trois superlatifs que vous allez embarquer du monde avec vous. Tout cela parce que vous faites « comme tout le monde ». Se démarquer en faisant comme tout le monde ? Jm’e rend pas bien compte en fait (rho là là, et en plus, quand on mixe ironie et bon sens, là, c’est juste l’arme fatal quoi ^^).
Vous avez des choses à dire, des expériences à partager, des avis, des idées, des opinions, c’est cela que nous, lecteurs, attendons de vous. Si nous devons venir chez vous pour lire la même chose qu’ailleurs, pourquoi venir chez vous ? Parce que c’est vous ? Mais vous, dites-moi, c’est qui ? Parce que là, je ne vois pas une vraie singularité, une vraie différence.
Ah oui, il est vrai que c’être soi demande un courage certain. Je vous le concède. Cependant, je préfère réussir ou échouer en étant moi, parce qu’au bout du compte, j’aurais appris sur moi, j’aurais des certitudes.
Alors que si je réussis ou si je me plante avec les méthodes des autres, est-ce moi qui réussis ou l’autre ??? J’aurais toujours des doutes sur mes capacités réelles. Et tôt ou tard, l’humain est ainsi fait, qu’il veut savoir si c’est bien lui.
Pour finir, je vais vous livrer deux-trois astuces :
- Un bon blog, c’est un blog qui vous ressemble
- Un bon article, c’est un article qui vous ressemble
- L’écriture n’est pas scientifique, elle est humaine
L’écriture demande une empreinte, la vôtre. C’est en forgeant que l’on devient forgeron.
Bateaux ? Regardez donc la toile, regardez au-dehors, regardez celle et ceux ayant réussi à imprimer un changement, ceux dont on se souvient. Regardez. Ils sont différents. Ce n’est pas en suivant que l’on devient leader.
Commentaires