Comme Obélix, Benjamin Thiers est tombé dans la marmite du SEO quand il était tout petit, ou presque. Mais son truc à lui, c’est finalement moins les gaulois que le moyen-âge, et d’ailleurs il nous en parle dans cette interview où l’on saute allègrement de Google aux beaucerons et de content marketing au Mont Ventoux.
Bonjour Benjamin, tu es consultant en communication digitale, mais tu voulais faire quoi en vrai, quand tu étais petit ?
Quand j’étais petit, je voulais devenir écrivain ! Et j’y suis arrivé, quelque part : je ne vis pas de mes livres, mais en partie de ma plume.
Je suis tombé dans le digital un peu par hasard, lors de mon apprentissage en école de commerce en 2003. J’ai rejoint Formaguide.com, un site mettant en relation formateurs, organismes de formation, services RH et salariés. Il m’a été confié la mission de développer le nombre de demandes de devis émis par les entreprises désireuses de former leurs collaborateurs.
J’avais carte blanche, mais avec un budget (très) limité : en analysant les options disponibles, le SEO s’est imposé comme le meilleur levier de communication. J’ai donc commencé à travailler dans le référencement naturel en 2003, et ne l’ai plus quitté dès lors ! J’aime trop le goût du challenge, la variété des dossiers et des situations : pourquoi quitter un métier où je ne m’ennuie jamais ?
Si tu devais définir Digimood en quelques mots ?
Je pense que trois mots pourraient résumer au mieux Digimood : expertise, exigence et passion. Notre vocation première est la génération de trafic dans une démarche de conversion optimale. Nous sommes organisés en plusieurs services correspondant à nos grands métiers : le SEA, le SEO et les Social Ads. Nous faisons aussi de l’affiliation avec Digiperf.
Le service SEO est lui-même divisé en trois pôles de compétences, qui correspondent aux trois grands leviers du référencement naturel : la technique, le contenu et le netlinking. Le client a un interlocuteur unique issu du pôle technique, qui coordonne les actions des deux autres pôles.
Notre développement s’appuie aussi sur l’expertise du pôle SEA, reconnu par les grands acteurs publicitaires digitaux : nous faisons ainsi partie des toutes premières agences à être reconnues Google Partner Premier en France. Nous sommes par ailleurs la 5e agence en France à bénéficier du label Facebook Marketing Consultant, et sommes certifiés “Facebook Certified Planning Professional” et “Facebook Certified Buying Professional”.
Digimood pour digital mood, « l’humeur digitale »… Une façon de dire, quand on parle de SEO, que l’on est souvent dépendant de la bonne (ou mauvaise) humeur de Google ?
Google n’est pas si capricieux que cela, même s’il a tendance à vouloir trop tirer la couverture à lui depuis quelques années. Il se perfectionne, élimine les référenceurs trop bourrins, mais reste droit dans ses bottes… Sauf quand il va trop loin, en réduisant la part des résultats naturels par exemple !
Nous pouvons être quelquefois déçus, parfois enthousiastes, mais nous restons toujours déterminés et confiants dans nos processus et notre savoir-faire. Nous relevons toujours les défis imposés par les caprices de Google, en essayant de conserver notre bonne humeur. Il faut toujours rester “in the mood” pour bien jouer sa partition !
Je sais que tu donnes aussi des cours à des étudiants de Kedge. Si je te demande quelle est la première phrase de ton premier cours de l’année – mis à part bonjour, peut-être ? Et plus sérieusement, qu’est-ce qui te semble le plus important de leur transmettre ?
“Vous voulez facilement trouver du travail et bénéficier de salaires attractifs ? Le métier de référenceur recrute ! Et connaître le SEO vous sera utile dans tous vos projets.”
Il faut capter l’attention des étudiants en leur parlant de réussite. L’argent ne fait pas le bonheur, mais ne pas avoir à compter en fin de mois quand on mène une vie simple est un argument audible chez des jeunes inquiets des perspectives d’emploi.
Je leur donne un exemple concret : “Ma compagne a lancé il y a deux ans une activité de comportementaliste canin : en six mois, son site lui rapportait plusieurs demandes entrantes par jour sans un centime de pub. Si vous m’écoutez, je vous apprendrai à être opérationnel en agence et piloter le référencement de votre site pour que vous puissiez (très bien) gagner votre vie.“
Il faut avant tout leur transmettre des bases saines et claires, avec des mises en pratique. Je ne forme pas forcément des experts, mais des étudiants maîtrisant bien les fondamentaux, capables de ne pas rougir en stage dans une agence ou chez l’annonceur. J’aime donner des cours car cela m’oblige à lever la tête du guidon, à ordonner mes pensées et les expliciter en outils théoriques et en techniques faciles à expliquer. C’est du donnant / donnant : je me structure en leur apprenant.
Tu viens de publier Le Référencement chez Studyrama. Qu’est-ce qu’on apprend essentiellement dans ce livre, ça parle stratégie marketing ?
Tous mes livres professionnels abordent une démarche pédagogique, voire une approche narrative. Que ce soit Digitalisez votre Marque (Studyrama Pro, 2014), Ce que Google Veut (Studyrama, 2016) ou plus récemment Le référencement (Studyrama Pro, 2019), l’idée est de transmettre une culture générale.
Dans Le référencement, Julien Ringard et moi-même voulons transmettre les mécanismes généraux qui président au référencement naturel, sans perdre le lecteur dans des points de détails. Comprendre les grands principes du SEO est utile à des étudiants, mais aussi des décideurs non spécialistes qui ont besoin de mieux appréhender les enjeux du référencement naturel, les actions positives et les prises de risques à éviter pour mieux positionner leurs sites.
Un conseil exclusif pour les débutants du SEO ?
Le meilleur conseil que je pourrais donner à un débutant ? Ne brûlez pas les étapes !
Formez-vous d’abord aux fondamentaux du SEO, de comprendre les logiques défendues par l’algorithme de Google, de vous familiariser avec les aspects, la rédaction optimisée et la notion d’acquisition de liens.
Ensuite, passez à la pratique. En effet, on ne peut pas devenir un bon référenceur sans pratiquer. Créez un blog et visez des objectifs simples d’abord, puis de plus en plus ambitieux. Familiarisez-vous avec les bons outils, découvrez les solutions payantes les plus performantes, comme SEMrush, mais exploitez aussi les nombreux tools gratuits (Alyze.info, Xenu, SEO-Hero.tech, etc.). L’expérimentation et l’échec font partie de la vie d’un aspirant SEO !
Enfin, demeurez en veille active : suivez les blogs spécialisés comme le Blog SEMrush, Abondance, Webrankinfo, ou Search Engine Land (EN) ou le blog de Moz (EN). Ne passez pas non plus à côté du blog officiel de Google pour les Webmasters !
Tes trois premiers livres ne parlaient pas de SEO, je crois, c’était de vrais romans ?
Je suis un touche-à-tout et j’aime beaucoup explorer les voies de l’imaginaire. Chimères, le sens de la bête, est un roman de science-fiction post-apocalyptique et fantastique. Le printemps des éphémères est un roman contemporain et réaliste, où une jeune femme atteinte d’une grave maladie refuse l’opération, très risquée, pour se lancer en quête de son propre Everest. Ce sera le Mont Ventoux, sommet peu élevé… Mais n’est-ce pas la route qui compte, avant la destination ?
C’est drôle parce que l’on peut quand même faire des analogies amusantes avec leurs titres, tout de même : Le Sablier Brisé, ça ne parlait pas de l’importance de l’AMP dans le référencement actuel ? Chimères, le sens de la bête … C’est Google, la Bête, et la position zéro sa chimère ? Le printemps des éphémères, c’est parce que le SEO est sans doute un des domaines les plus volatiles qu’il soit ?
Bien vu ! On peut effectivement exploiter ces titres en regardant ce que Google peut nous dire. Mais en réalité, sans verser dans le solipsisme, il n’existe pas de réalités dans la mesure où nous ne pouvons avoir une interprétation absolue de la réalité dans sa complexité : penser, c’est réduire au stade du compréhensible des notions ou des enjeux qui nous dépassent.
Olivier Andrieu, à côté de ses activités dans le SEO, a publié de 1999 à 2009 quatre ouvrages sur Goscinny et Astérix… Et toi, c’est quoi ton Astérix, ta passion pas si secrète que ça ?
J’ai une passion pour l’Histoire en général, et le Moyen-âge en particulier. J’ai été une dizaine d’années dans une troupe médiévale, et j’ai même co-fondé une compagnie avec des amis, les Lions de Guerre. J’ai gardé en souvenir de cette époque une petite cicatrice à la tempe, témoin d’un coup d’épée, et une règle de prudence : manants, routiers ou chevaliers, le port du casque est obligatoire !
Je continue à me rendre en dilettante dans des fêtes médiévales, je lis encore beaucoup sur le sujet. J’ai un projet de roman historique en cours depuis une dizaine d’années, dont seuls quelques chapitres sont rédigés : mon exigence de la qualité historique et le manque de temps m’ont freiné. J’ai pourtant le récit en tête, avec un alchimiste, un médaillon reprenant un phénomène astrologique et optique bien réel, et quelques autres surprises...
J’aime aussi beaucoup les animaux et la nature : j’ai deux chats et un chien que j’adore. Dédicaces aux chats Syllepse, Igor et à Bonnie la braqueronne (moitié braque, moitié beauceron), aussi appelée la patate !
Stéphane Briot fait des jeux de mots avec son nom sur les réseaux sociaux, tel « Je suis Stéphane et je travaille avec Briot ». Ce serait quoi, ton slogan ?
Je n’y ai jamais pensé. Mais comme je suis le prince des jeux de mots pourris (la reine des calembours en bois s'appelant Diana et travaillant chez Digimood), je dirais : “Avec Benjamin, exploitez bien plus que le Thiers de votre potentiel !”