Green Marketing, le marketing de demain

Benjamin Thiers

nov. 12, 20198 min de lecture
Green Marketing

Selon le cabinet GreenIT (cité récemment par Anne-Laure Barral sur France Info), le numérique mondial consomme en 2019 cinq fois plus de ressources naturelles que le parc automobile français. Et son impact pourrait doubler d'ici 2025 si on en croit les projections actuelles, mettant en péril les ambitions de notre indispensable transition écologique. Comment pouvons-nous, à notre échelle, mieux utiliser les médias digitaux pour réduire notre impact sur l'environnement ?

Je vous invite à découvrir une série de solutions et de bons réflexes à adopter. Vous pourrez ainsi consommer moins - ou consommer mieux - les médias digitaux, que ce soit à titre personnel ou professionnel.

Les bons réflexes de l'internaute éco-responsable

Vous pouvez agir et réduire votre empreinte écologique en changeant vos habitudes d'achat et en modifiant votre comportement sur Internet.

Des tablettes, ordinateurs, smartphones qui pèsent lourd pour la planète

Vous devez tout d'abord avoir conscience de l'empreinte écologique associée à chaque appareil électronique. Par exemple, selon l'Ademe, la fabrication d'un ordinateur de 2 kg mobilise 800 kg de matières premières et génère 124 kg de CO2. À titre de comparaison, toujours selon l'Ademe, l'utilisation de ce même ordinateur ne génère "que" 45 kg de CO2.

Privilégiez la prévention et la réparation au remplacement

Optimiser la durée de vie de ses appareils est un comportement vertueux sur le plan économique autant qu'écologique. Vous devez prendre conscience du coût environnemental de chaque appareil pour lui accorder une plus grande attention. Transporter une tablette ou un ordinateur portable dans une pochette matelassée prévue pour cet usage, protéger son smartphone avec une coque peuvent limiter les risques de casse et donc prolonger la durée de vie de votre appareil. Mettez aussi à jour régulièrement votre système d'exploitation et installez un antivirus performant : une panne logicielle peut conduire un téléphone, une tablette ou un ordinateur au rebut !

Une panne, un dysfonctionnement suite à un choc ? Réparer vos appareils est à la fois économique et écologique. Vous pouvez vous rapprocher de réparateurs indépendants qui proposeront des tarifs plus attractifs. Vous pouvez aussi tenter de réparer vous-même un appareil endommagé ou en panne. Les plus courageux d'entre vous pourront se rendre sur des sites proposant des tutoriels, comme  https://fr.ifixit.com/,quand les autres s'orienteront vers des ateliers solidaires : découvrez par exemple le réseau Repair Café sur  https://repaircafe.org/fr/.

Vous ne souhaitez pas réparer un appareil ? Privilégiez le dépôt en recyclerie : ces entreprises ou associations privilégient une remise en état à chaque fois que cela est possible. Les appareils sont revendus à des prix attractifs et s'offrent ainsi une seconde vie. Ne jetez jamais un appareil électronique avec vos ordures ménagères, déposez-le éventuellement dans une déchetterie si vous n'avez ni recyclerie, ni atelier solidaire près de chez vous.

Achetez dans une démarche éco-responsable

Vous devez tout d'abord dimensionner vos achats à vos besoins réels. Prendre un ordinateur surpuissant est-il utile, quand une tablette suffit ? Une imprimante laser plus volumineuse est-elle nécessaire, si vous n'imprimez que quelques pages par mois ? Il faut par exemple savoir qu'une tablette consomme en moyenne de 5 à 15 kWh par an, contre 30 à 100 kW/h pour un ordinateur portable.

Différents labels vous aident aussi à choisir des équipements plus vertueux :

  • Ecolabel Européen
  • EPEAT
  • Ecolab Nordique
  • L'ange Bleu
  • TCO
  • Energy Star
  • ...

Vous trouverez des informations pratiques concernant les écolabels sur l'Ademe :  www.ademe.fr/labels-environnementaux

Limitez les consommation d'énergie inutiles

Au quotidien, vous pouvez aussi agir pour la planète en changeant votre usage pour des pratiques moins consommatrices d'énergie.

Ne laissez pas vos appareils allumés en ou en veille quand vous ne vous en servez pas. Le mieux est de les éteindre à chaque fois que vous ne les utilisez pas, voire de les débrancher. De même, débranchez un appareil en charge lorsque la batterie atteint 100%. Vous pouvez aussi débrancher votre box quand vous ne en servez pas, si vous n'avez pas d'appareils domotiques ou d'alarme nécessitant une connexion Internet.

Quand vous utilisez votre ordinateur ou votre smartphone, limitez le nombre de fenêtres, d'applications, de programmes ouverts. Même en arrière-plan, ils consomment de l'énergie.

Configurez vos appareils pour privilégier les économies d'énergie : extinction de l'écran, mise en veille automatique, réglage de la luminosité... Vous pouvez aussi désactiver les fonctions que vous n'utilisez pas souvent sur votre smartphone : GPS, Bluetooth, Wifi... Vous pourrez toujours les réactiver si besoin.

Ne laissez pas tourner des contenus en streaming en arrière-plan. Vous n'écoutez pas votre musique ? Mettez Spotify ou Deezer en pause. Ajustez aussi la résolution des vidéos en streaming à votre écran. Est-il nécessaire de mettre en résolution maximale une vidéo qui tourne sur un petit écran, et que vous vous contentez parfois d'écouter ?

Apprenez à mieux gérer votre boîte mail : supprimez régulièrement de votre boîte de réception et de votre boîte d'envoi les mails non utiles, désabonnez-vous des newsletters que vous n'ouvrez pas. Assurez-vous aussi que vous avez supprimé une pièce jointe qui vous a été envoyée quand vous répondez à un mail, et adressez-vous seulement aux interlocuteurs concernés (bannissez le "Répondre à tous" quand c'est inutile). De même, il n'est pas nécessaire d'ajouter dans la boucle des destinataires qui ne liront jamais votre message.

Optimisez votre utilisation des solutions de stockage en ligne comme Google Drive Dropbox : chaque fichier inutilisé est enregistré en redondance sur plusieurs serveurs, provoquant à la fois une consommation électrique pour le fonctionnement des serveurs, et l'obligation pour les prestataires d'agrandir leurs datacenters pour faire face à la quantité d'informations stockées.

Et si vous changiez de moteur de recherche ? Google séduit par la pertinence de ses résultats et son écosystème intégrant de nombreux services. Mais des acteurs encore trop peu connus proposent des moteurs de recherche alternatifs qui offrent un véritable engagement environnemental et sociétal :

  • ecosia.org utilise une partie de ses revenus publicitaires pour financer des actions de reboisement
  • youcare.world lutte contre la souffrance animale en finançant des repas pour les animaux des refuges
  • lilo.org reverse 50% de ses revenus publicitaires à des associations porteuses de projets sociaux ou environnementaux

Choisissez une offre d'électricité verte

Vous ne pourrez pas réduire à zéro votre consommation électrique liée à Internet. Et l'objectif de cette chronique n'est pas de vous proposer un retour à l'âge de pierre. Mais vous pouvez aussi agir au service de l'environnement en privilégiant des contrats plus responsables.

Les grands fournisseurs d'énergie comme EDF, Total, Eni ou Engie, proposent tous des offres d'électricité verte. Ces fournisseurs s'engagent alors à se procurer des certificats appelés “garanties d’origine”, qui sont censés prouver qu'une quantité d'électricité équivalente à ce que vous avez consommé a été produite dans une installation renouvelable et injectée sur le réseau.

Ces offres sont un premier pas mais relèvent pour certains observateurs d'une démarche de greenwashing. Les plus convaincus d'entre vous peuvent s'orienter vers des fournisseurs d'énergie réellement engagés dans une démarche de production d'énergie verte. Enercoop et Ilek, par exemple, offrent de meilleures garanties avec une réelle transparence sur leurs sites de production.

Les bons réflexes de l'acteur du web éco-responsable

À titre personnel, vous pouvez appliquer ces différentes solutions. Vous pouvez devenir l'acteur du changement au sein de votre entreprise, en adoptant au niveau de votre entreprise les solutions accessibles à chaque internaute.

Vous pouvez présenter par exemple à votre direction les offres d'électricité verte, prendre part au choix d'appareils électroniques plus vertueux sur le plan environnemental, ou encore communiquer sur l'importance de limiter les fichiers inutiles dans les boîtes mails ou les solutions de stockage en ligne...

Mais vous avez aussi la possibilité d'aller encore plus loin au niveau de votre entreprise, en actionnant d'autres leviers.

Site Internet : the lightness is beautiful

La performance d'un site Internet a des conséquences bien connues sur l'expérience utilisateur ou sur le référencement naturel : un site qui s'affiche vite séduit à la fois l'internaute et l'algorithme de Google. Mais un site optimisé a aussi un impact environnemental moindre ! En optimisant vos bases de données, en réduisant les transferts d'informations entre vos serveurs et les terminaux des consommateurs, vous réduirez votre empreinte carbone !

Vous pouvez aller au bout de cette démarche en labellisant votre site web. Le Green Code Label est un label d'écoconception des sites internet avec trois niveaux de certification, qui promeut les techniques de programmation les plus vertueuses pour réduire l'impact énergétique de votre site web. Vous pouvez déjà consulter les règles du label pour découvrir de bonnes pratiques.

Privilégiez un hébergement "vert"

Lors du choix d'un hébergeur, vous pouvez vous orienter vers un prestataire qui s'est engagé lui-même dans une démarche responsable et durable. Au-delà des annonces publicitaires, plusieurs signes peuvent vous orienter vers le bon hébergeur.

La certification ISO 14001 est délivrée aux entreprises engagées dans une démarche de management environnemental. C'est un signe de qualité intéressant, mais pas forcément suffisant.

Vous pouvez aussi poser des questions à un hébergeur pour mesurer sa réelle implication. Quel est son prestataire chargé de la gestion de ses DEEE (déchets d’équipements électroniques) ? Quel est son PUE (Power Usage Effectivness), qui permet de juger de l'efficience globale de son datacenter ? Peut-il vous renseigner sur sa politique d'achat, en vous communiquant par exemple les labels des équipements achetés ? S'alimente-t-il en énergie verte ? S'engage-t-il dans une démarche de compensation carbone ? Autant de signes qui peuvent vous rassurer - ou vous alerter - sur l'implication réelle d'un fournisseur.

Limitez le gaspillage des emballages en e-commerce

Qui n'a jamais reçu sa carte SD cachée au fond d'un carton pouvant accueillir tout un ordinateur ? Ou une écharpe emballée dans un carton pouvant accueillir toute une garde-robe ? De nombreux internautes raillent sur les réseaux sociaux le suremballage pratiqué par certains sites e-commerce. Mais le suremballage est aussi un problème environnemental majeur : gaspillage de cartons, accaparation d'espace dans les camions de livraison... C'est un chantier auquel vous pouvez vous attaquer, par une campagne de sensibilisation au sein de votre entreprise et la proposition de gabarits plus variés, plus adaptés aux différents produits que vous commercialisez. D'autres initiatives sont adoptées par les poids lourds du secteur : Cdiscount, par exemple, possède une machine permettant de réaliser des emballages sur mesure.

Ne jetez pas le bébé avec l'eau du bain numérique !

Cette liste de solutions n'est pas exhaustive, et a pour seule ambition de vous aider à prendre conscience de la marge d'action importante dont nous disposons tous, à titre personnel ou professionnel.

Pour autant, ces nombreux conseils n'ont pas vocation à jeter l'opprobre sur le numérique, qui par ailleurs ne manque pas de vertus écologiques :

  • les téléconférences remplacent avantageusement les réunions physiques, avec déplacements en train ou en avion
  • Internet donne une visibilité à de nombreuses initiatives au service de la transition écologiques
  • Internet apporte aussi des solutions de financement à des projets vertueux pour l'environnement
  • le web favorise des échanges et peut être un outil au service de la diversité des hommes et des territoires
  • ...

Vous n'adopterez certainement pas toutes ces solutions. Je vous avoue que je ne les suis pas toutes moi-même, bien que je m'efforce de progresser un peu plus chaque jour vers un engagement éco-responsable plus fort. Si vous suivez deux ou trois des conseils proposés ici, cette chronique aura atteint son but !

Green Marketing, l'infographie

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Benjamin Thiers a débuté sa carrière dans la communication digitale et le référencement naturel en 2003. Il a rejoint au printemps 2016 les équipes SEO de l’agence digitale Digimood. Enseignant pour Kedge Business School, il a publié en 2014 "Digitalisez votre Marque" et co-publié avec Julien Ringard “Ce que Google veut : comprendre le référencement naturel” aux éditions Studyrama Pro. Sites : benjaminthiers.net et Digimood.com