Comment réussir de bonnes infographies ?

Jonathan Henault

août 07, 201910 min de lecture
Comment réussir de bonnes infographies ?

On vous parlera beaucoup de réalité augmentée ces temps-ci, on insistera certainement sur les bénéfices de la vidéo, nouveau format roi du content marketing. Mais s’il est un format qu’il vous faudra toujours chouchouter pour ses qualités incomparables, c’est bien cette infographie dont on ne cessera jamais de chanter les louages. 

Ce n’est pas pour rien que chaque année SEMrush enregistre sur Google plus de 370 000 requêtes concernant la recherche d’une infographie ! 

Mais alors pourquoi et comment réussir de belles infographies dans l’optique d’une stratégie de content marketing réussie ? C’est ce que nous allons voir dans cet article pour les amateurs de graphisme et pour les autres, surtout pour les autres d’ailleurs. 

Pourquoi faire des infographies ? 

Mais au fait, c’est bien joli toutes ces couleurs, mais pourquoi faire des infographies? Quelques chiffres savamment distillées auront tôt fait de vaincre vos dernières résistances, même si les nouveaux formats du content marketing ont eux aussi des atouts des plus attrayants. 

Parce que c’est pas cher 

On vous en parlait dans un récent article sur notre blog, les chiffres clés du marketing vidéo en 2019 ont de quoi faire saliver ne serait-ce que parce qu’une récente étude Cisco anticipait le fait qu’en 2021, 82% du trafic internet global sera représenté par la vidéo. 

Nouveau format roi du content marketing, la vidéo semble dépasser de loin tous les autres formats, à l’instar de cette statistique de We Are Social qui relevait que sur Facebook, le taux d’engagement moyen d’une vidéo était de 6%, contre 4.8% pour un post avec photo, et 3.36% pour un post avec un lien. 

Mais il ne faudrait pas oublier une chose essentielle : malgré la démocratisation des outils techniques pour les amateurs, réaliser une vidéo coûte cher, que ce soit en moyens humains ou en temps de travail… en comparaison, la réalisation d’une infographie (et dans une plus grande mesure encore, l’utilisation d’une image lambda) semble posséder un bien meilleur rapport qualité/prix. 

Sans oublier qu’une vidéo peut être trop longue, mal conçue et vite zappée sans que votre message soit passé, là où l’infographie aura un impact bien plus immédiat sur le lecteur. 

Parce que c’est efficace 

Un peu de biologie pour commencer, alors que les résultats du bac viennent de tomber : saviez-vous que 90% des informations que reçoit le cerveau humain sont visuelles, et qu’il visualise justement les images quelques 60000 fois plus vite que du texte

Rien d’étonnant, lorsque l’on glisse de la biologie vers le marketing, de constater qu’un contenu avec des images pertinentes obtient 94% de vue qu’un même contenu sans image… Voilà qui explique sans doute qu’aujourd’hui près de 72% des posts sur les réseaux sociaux soient des contenus visuels. 

Parce que c’est intéressant 

S’il suffit de produire du visuel pour être vu, et que la vidéo est bien trop compliquée à utiliser, pourquoi ne pas se contenter alors d’une photo ? Tout simplement parce que le principal intérêt de l’infographie est de combiner l’aspect attrayant d’un visuel et un contenu informationnel pertinent, le beurre et l’argent du beurre en quelque sorte. 

D’ailleurs, grâce à cette qualité première, l’infographie se trouve être le format le plus propice au partage sur les réseaux sociaux (et donc à la viralité de l’information) : en regroupant de manière claire et ludique, sur une seule image, des datas qui seraient autrement très pénibles à analyser ligne par ligne sur un tableur Excel, l’infographie possède toutes les qualités et finalement bien peu de défauts. Encore faut-il bien la réaliser ! 

Comment faire une bonne infographie ?

A l’instar d’un bon logo, une bonne infographie se compose de trois éléments : une forme, un jeu de couleurs et un jeu de typographies. Une fois que ces trois éléments ont été définis et consignés dans un cahier des charges ad hoc, il ne vous restera plus qu’à passer à la réalisation, sans oublier de contrôler que vous n’avez pas commis une de ces erreurs (trop) fréquentes qui transforme une bonne infographie en torchon inutilisable. 

Etablir le cahier des charges de votre infographie

#1 : Choix du sujet et de la tonalité

Même si cela peut vous sembler évident, la première chose à déterminer est de savoir de quoi vous voulez parler, et de quelle manière vous voulez traiter ce sujet. Une banque et un webzine consacré aux jeux vidéos utiliseront sans doute des façons très différentes de réaliser une infographie. Et la tonalité que vous emploierez pourra également très largement varier selon que vous souhaitez présenter les résultats financiers de votre entreprise d’une année sur l’autre ou l’évolution du nombre d’utilisateurs de votre dernière application rigolote. 

Commencez donc par identifier clairement le sujet de votre infographie (cela vous servira pour rédiger ensuite son titre principal) et la tonalité générale qui vous semble coller à ce sujet. Vous pouvez par exemple utiliser un “indice de sobriété” graduée de 1 à 10, 1 étant une infographie très basique et fonctionnelle, 10 une réalisation graphique foudroyante ou la beauté du visuel l’emportera sur la data pure. 

#2 : Choix des datas 

Il faut garder à l’esprit que si toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, toutes les datas ne sont pas bonnes à partager. Vérifiez-bien avec vos collègues (et notamment vos analystes datas, si vous avez la chance d’en croiser dans les couloirs) la véracité des chiffres que vous allez utiliser, notez soigneusement leur source et leur méthode de collecte : vous aurez toujours à renseigner ces informations, autant pour des questions de crédibilité que (parfois) de droits d’auteurs. 

Mais les datas ne sont pas que des datas chiffrées ; même si les nombres sont de toute évidence le socle ultime de votre infographie, il est aussi très intéressant pour la suite de procéder à une collecte sémantique. 

N’hésitez donc pas à construire une mini database de 10 à 15 mots clés (vous pouvez pour ça vous servir par exemple du Keyword Magic Tool de SEMrush) qui gravitent autour de votre sujet : au moment de légender votre infographie, vous serez bien heureux de les avoir à votre disposition, que ce soit pour rendre tout simplement plus pertinent votre travail que pour des raisons de référencement naturel de votre image. 

#3 : Choix du format 

De manière générale, privilégiez le format vertical, plus adapté à la visualisation sur mobile… le taux de connexion au web sur mobile ayant désormais dépassé celui sur desktop, il serait bien dommage de ne pas toujours envisager ce paramètre en priorité. De même, sachez que la largeur idoine d’une infographie est de 600 pixels (soit la largeur d’un article de blog), qui s’affichera du même coup aussi bien sur mobile que sur desktop. 

Mais quand on parle de format, on parle aussi et surtout de forme générale de votre infographie, forme qui dépend principalement de votre sujet mais aussi de la tonalité que vous avez choisi précédemment. Ainsi votre infographie pourra être, selon vos besoins : 

  • Une infographie “à barres”, sans doute le format le plus classique, mais c’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes. L’infographie à barres est particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de comparer rapidement plusieurs datas, tels que le volume moyen de recherches mensuelles des favoris du Tour de France. 

  • Une infographie “camembert”, que l’on utilisera volontiers dès que l’on s’attaque à des pourcentages, ou à la répartition des sujets d’un blog Internet, au hasard. 

  • Une infographie “montagnarde”, avec ses jolies courbes qui s’adaptent particulièrement à la data-visualisation d’une évolution au fil du temps, comme par exemple l’évolution des recherches mensuelles du mot-clé “infographies”. 

  • Une infographie “cartographique”, un grand classique également, très efficace pour les datas liées à des répartitions géographiques, bien sûr, tels que la répartition mondiale des visites sur le site d’Amazon. 

  • Une infographie “My Way”, qui retrace un historique (de la création d’une entreprise par exemple) ou un cheminement (chrono)logique, comme dans le cas de la réalisation d’une infographie par étapes, justement… tiens, comme celle-ci, donc ! 

  • Une infographie “top of the pop” pour mieux rendre visuellement une liste de choses, un top 10 des actions à entreprendre. Contrairement à l’infographie “My Way”, la Top Of the Pop n’est pas forcément lié à une hiérarchisation logique de l’information. Petite variante, l’infographie “en rosace” consiste à répartir les items du top en cercle autour de l’élément visuel principale. 

  • Une infographie “anatomique”, qui consiste en un visuel constellé de flèches pointant vers telle ou telle partie. Très efficace quand votre sujet peut-être représenté de manière détaillée, tel le corps humain, ou une maison vue en coupe...

  • Une infographie “Storytelling”, sous forme de strip classique de bédé ou même l’encore plus rare (mais très intéressant à manipuler) roman-photo, particulièrement recommandé dès lors pour les entreprises “créatives” et lorsque vous avez beaucoup de choses à dire. 

Bien entendu, nous ne vous parlons ici que des infographies “traditionnelles” en 2D (et encore, vous en trouverez certainement d’autres à nous suggérer), même si la tendance actuelle semble se diriger vers l’infographie animée en 3D, voir même le motion design… effectivement très jolis, mais pour un budget légèrement supérieur ! 

#4 : Choix des couleurs 

Maintenant que vous avez réussi à identifier le format général de votre infographie, il vous faudra déterminer le panel de couleurs que vous allez utiliser, avec toujours une idée en tête : comme pour un logo, on bannira les palettes trop larges en conservant uniquement 2 à 3 couleurs maximum pour votre infographie. 

Quelles couleurs choisir? On peut bien sûr le faire à l’instinct, ou se reporter aux codes de la psychologie des couleurs pour affiner son choix : 

  • Le rouge pour la vie, l’audace et l’enthousiasme, adapté si votre infographie est liée au domaine de l’alimentaire ou des technologies modernes. 

  • Le orange, lui aussi, est une couleur énergique et très gai, privilégié dans le domaine des jeux ou dans tout ce qui touche à l’enfance. 

  • Le jaune, couleur du soleil, de la joie et de l’énergie, sera une couleur idéale pour vos infographies qui impliquent de transmettre une idée de vitesse et de force. 

  • Le bleu est tout le contraire des deux premières, représentant la tranquillité et la confiance, on l’utilisera donc plus volontiers dans le domaine de la finance ou de la santé. 

  • Le vert, tout en étant une couleur calme, est aussi celle de la croissance et de la nature, bien sûr. Idéal donc pour représenter une courbe de croissance positive, mais aussi dans les domaines de l’alimentation ou de l’énergie. 

  • Le violet, couleur du luxe et du pouvoir, est toujours un choix un peu risqué, mais pourrait être pris quand on parlera du secteur de l’habillement ou du ménager. 

#5 : Choix de la typo 

S’il apparaît toujours comme la dernière roue du carrosse, le choix de la typographie reste d’autant plus important qu’une mauvaise typo ruinera tous vos efforts : n’oublions jamais que le but premier d’une infographie reste d’informer votre lectorat, et doit donc faire privilégier la clarté sur l’esthétique

Il est donc préférable de choisir des typographies sans serif (donc sans empattements, trop peu lisibles) type Arial ou Helvetica, et de laisser tomber une bonne fois pour toute les cursives et les polices fantaisies. Les polices monospace (de largeur fixe) sont aussi une alternative intéressante aux sans serif, traduisant une impression générale de force et de clarté… tout ce que vous voulez pour votre infographie !

Réaliser ou faire réaliser votre infographie

Bon, c’est bien joli tout ça, mais assez discuté, il faudrait agir maintenant ! La première solution la plus évidente serait de se tourner vers un graphiste, qu’il soit en freelance ou interne à votre entreprise, pour réaliser votre infographie. Anticipez les problèmes de communication en réalisant un document où vous compilerez tous vos choix, du format à la typographie en passant par les couleurs, sans oublier bien entendu de préciser les éléments textuels, titre, légendes, etc. 

En cas de restriction budgétaire ou si vous accordez finalement une importance moindre au rendu esthétique final de votre infographie, vous pouvez aussi vous servir d’un des nombreux outils existants qui vous permettront de la réaliser vous-même. Ne serait-ce qu’un tableur Excel possède une option vous permettant de transformer sans efforts vos tableaux en data-visualisation, et de nombreux autres outils tels que Easel.ly ou Canva vous seront d’une aide précieuse. Venggage s'avère également une excellente solution pour ceux qui veulent apporter un soin particulier à leurs infographies professionnelles ! 

Voilà, vous êtes maintenant sur la bonne voie pour créer de bien belles infographies, en respectant bien entendu toujours des règles essentielles : ne pas utiliser plus de trois couleurs, toujours citer ses sources et sa méthode de collecte de datas, et en cas de conflit, faire toujours privilégier la lisibilité à l’esthétisme ! 

Partager
Author Photo
Content Marketing Manager pour Semrush France, Jonathan est l'homme par qui le scandale arrive, mais en prenant son temps. Responsable du blog français sur lequel il publie régulièrement des études et autres articles de vulgarisation plus ou moins sérieux, il aime aussi bien s'entourer. Ecrivez-lui donc si vous voulez participer !