C'est quoi le maillage interne ?
Commençons par redéfinir cette expression : le maillage interne, c'est l'ensemble des liens permettant de naviguer dans un site, en l’occurrence de consulter les contenus d'un seul et même nom de domaine. En d'autres termes, il s'agit de tous les liens qui vous permettent de naviguer d'une page A à une page B au sein d'un même site.
L’objectif de cet article est de reposer les bases d’un maillage interne efficace, sans pour autant réinventer la roue :
C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes
Quelle importance ?
Pour l'internaute
Au delà du fait que les liens internes soient indispensables pour pouvoir consulter correctement un site, ils ont de l'importance en ergonomie. Le nombre, la précision et l'emplacement des liens va faciliter ou non le navigation de l'internaute.
Votre objectif est de rendre sa visite la plus fluide et logique possible. Cela implique de mettre en place plusieurs principes simples :
- chaque lien est utile ;
- l'intitulé de chacun d'entre eux est toujours compréhensible par l'internaute (on évitera les liens "Nos services" ou "Cliquez-ici" qui ne veulent rien dire sans contexte) ;
- l'internaute doit savoir dans quelle section du site il va se diriger.
En d'autres termes, si le maillage interne est bien conçu, il y a de très fortes chances que le site Internet soit ergonomique, et qu'il convertisse mieux les internautes en clients ou utilisateurs.
En référencement naturel
Le maillage interne va bien entendu avoir un impact important en référencement naturel. Le principe de base est que chaque lien va transmettre deux choses :
- de la popularité ;
- une notion sémantique : de quoi va parler la page.
Chaque lien va permettre d’expliquer aux moteurs de recherche vers quoi il va rediriger l’utilisateur, tout en donnant à la page de destination de la "crédibilité" et de la popularité.
Le texte utilisé pour chaque lien interne est donc primordial, puisqu’il va aider le moteur de recherche à comprendre le sujet de la page ciblée, tout en aidant l’internaute à comprendre lui aussi vers quoi il se dirige. C'est ce qu'on appelle l'ancre du lien. Par exemple dans ce lien, l'ancre est "toto" :
<a href="https://www.test.fr">Toto</a>
Deuxième point important, ces liens donnent de la popularité, ce qui signifie que plus le nombre de liens vers une page est important, plus cette page sera populaire et aura de chance de se positionner dans un moteur de recherche. Cette vision basique correspond en fait à un algorithme très ancien de Google : le PageRank.
Si l'on simplifie le concept, chaque page web possède de base une certaine popularité (très faible). Cette dernière sera transmise à d'autres pages via des liens. En voici d’ailleurs une visualisation simplifiée (le chiffre affiché est le PageRank Interne):
Un exemple simple de la transmission de PageRank
Pour ceux qui veulent creuser le sujet, je vous conseille cette excellente vidéo avec Frédéric Bobet et Sylvain Peyronnet.
Le PageRank Interne
Lorsqu’on parle de maillage interne, on parle en réalité de PageRank interne, c’est-à-dire le poids et la transmission interne de popularité entre les pages.
Il existe aussi le PageRank externe, c’est-à-dire l’apport de popularité depuis d’autres noms de domaine. Malheureusement, il est impossible de mesurer le PageRank réel d’une page, car :
- nous ne connaissons pas l’intégralité des liens qui existent sur Internet ;
- nous ne connaissons pas les liens connus et pris en compte par Google.
Pour mesurer à l'inverse le PageRank interne, il existe de nombreux outils, à commencer par l’excellent Gephi, et son option "Statistiques > PageRank". D’autres logiciels, comme Screaming Frog Spider SEO, vont avoir des indicateurs plus ou moins équivalents, en l’occurrence ici le Link Score.
Le Link Score de Screaming Frog
Les bonnes pratiques
1ère méthode : le silo
Pour rendre votre site Internet plus ergonomique, et pour réussir à donner un maximum de poids aux pages les plus importantes, l’objectif est d’optimiser au maximum le maillage interne. L’idéal est donc de créer des sections traitant une thématique commune : c'est ce qu'on appelle un silo.
Dans une même section, on va donc créer des liens entre les contenus, en évitant de faire des liens internes vers les autres sections de notre site (vers nos autres "thématiques"). C'est d'ailleurs logique pour l'internaute, et c'est ce que font en ergonomie de très grands sites. Si l'on prend l'exemple d'Amazon, une fois présent dans une section, le site e-commerce ne fait pas de liens vers les autres sections principales. Il se concentre sur la création de liens à l'intérieur de sa catégorie (de son "silo").
Un exemple de siloCela répond d'ailleurs au besoin de l'utilisateur : si je suis dans la catégorie de produit des classeurs, il est peu probable que je veuille acheter une télévision.
Un silo bien conçu doit ainsi respecter certaines règles :
- les contenus doivent avoir une thématique commune proche ;
- les contenus de même niveau doivent se faire des liens entre eux ;
- les liens doivent avoir une continuité logique. Par exemple dans un tutoriel, il est cohérent de faire des liens vers d'autres tutoriels ou vers les produits nécessaire à sa réalisation. Pensez donc toujours à l'intention et aux besoins des utilisateurs ;
- les contenus doivent avoir des liens vers les niveaux supérieurs et inférieurs.
Voici ce que cela donne :
Un maillage Interne optimisé
Il s’agit ici d’un concept très vieux en SEO puisque la notion de silo, de maillage interne et de catégorisation, sont des concepts qui étaient déjà existants dans les années 2000. Et cette méthode est toujours d’actualité en 2020. Le fait de catégoriser correctement l’ensemble de ses contenus et de faire des liens logiques pour l’utilisateur (d'un point de vue sémantique également) permettent systématiquement d’améliorer le positionnement sur les moteurs de recherche.
Dans un test réalisé en 2019 par Axel Janvier et moi-même, le simple fait d’améliorer le maillage interne d’un point de vue technique nous permettait déjà d’avoir un gain de positionnement et de visibilité flagrant (+20% de trafic sur l'un des sites). Il s'agissait dans cet essai de travailler uniquement les liens générés automatiquement par le CMS dans les menus, en bas de contenu, en footer ou en sidebar. On fait d'ailleurs juste ici des tests et tutoriels sur le maillage interne.
2ème bonne pratique : faire attention à la première ancre
Voici une notion importante en référencement naturel quand il s’agit de maillage interne : Google va prendre en compte uniquement le texte du premier lien. Cela veut dire que si vous faites cinq liens vers la même page depuis le même contenu, seul l'ancre du premier lien sera utilisé par Google.
Il faut donc optimiser au maximum le texte de ce dernier, puisque cela vous permettra de transmettre une valeur sémantique à la page ciblée. Les autres liens à l’inverse, pourront être optimisés davantage pour l’internaute, et donc pour la conversion (transaction, inscription, abonnement, etc.).
3ème astuce : attention au nofollow
Depuis des années, Google utilisait l’attribut nofollow dans les liens pour permettre aux webmasters de lui indiquer quels sont les liens qu'il ne devait pas suivre. Grâce à cela, on faisait avant ce qu’on appelle du "Pagerank Sculpting". On ajoutait l’attribut nofollow à tous les liens non importants (par exemple vers les mentions légales) pour pouvoir donner du poids aux meilleures pages.
Dès 2010, Google avait changé son approche : avoir un lien nofollow dans sa page bloquait la transmission de popularité et pouvait donc nuire au référencement naturel. Plus j'ai de liens nofollow, plus je vais faire diminuer la popularité globale de mon site.
Et depuis 2020, Google va encore plus loin. Il indique que désormais c’est lui qui décidera si oui ou non il prend en compte l’attribut nofollow. Cela ne l’empêchera donc pas de suivre certains liens et donc parfois d’indexer des contenus censés être privés.
L’idéal est donc d’essayer de ne jamais avoir de lien en nofollow, et donc de faire la chasse à tous les contenus qui sont inutiles dans votre site. On peut même aller encore plus loin, en faisant du cloaking sur certains liens que l’on ne voudrait pas afficher aux moteurs de recherche (mais c'est une technique black hat, à vos risques et périls).
4ème conseil : bien penser à la structure des URL
Quand on pense maillage interne, on va penser à la structure et à la façon dont on va concevoir les URL de notre site Internet. Il est primordial de bien y réfléchir pour que cette structure reste la plus stable et la plus simple possible à gérer.
C’est pour cette raison que dans vos URL, il est conseillé de mettre le moins d’informations concernant la structure et la catégorisation de votre site. Si l’on prend l’exemple du CMS WordPress, l’idéal est de mettre en place un paramétrage d’URL au plus simple avec uniquement le nom du contenu (%postname%). On évitera à l'inverse d’ajouter dans les URL les dates, ou encore la catégorie de la publication.
L'intérêt derrière cette bonne pratique est énorme sur le long terme : cela permet de déplacer facilement vos contenus, voir même de modifier en profondeur vos silos, sans devoir faire de multiples redirections. Si jamais mon produit se trouve dans une catégorie A et que je change l’URL de celle-ci, le fait de ne pas avoir le nom de la catégorie dans l’URL du produit me permet de le déplacer sans avoir à faire une redirection.
5ème bonne pratique : traquer les faux liens
D’un point de vue rationnel et sémantique, un lien permet de déplacer l’internaute d’une page A vers une page B. Malheureusement, certains développeurs transgressent cette règle et utilise les liens hypertextes pour d’autres finalités. Prenons quelques exemples :
- les boutons "ajouter au panier" ;
- les boutons de partages sociaux ;
- le bouton de connexion ;
- etc.
Dès lors que le lien permet d’activer une fonctionnalité, sans pour autant "déplacer" l’internaute, alors l’élément ne devrait pas prendre la forme d'un lien <a href>. Il faut coder la fonctionnalité autrement, par exemple en JavaScript.
C’est logique d’un point de vue sémantique, puisqu’il s’agit de mettre en place une fonctionnalité précise, et cela permet d’éviter que le moteur de recherche ne se perde dans des liens et des URL qui n’ont aucune utilité, et qui dans la majorité des cas vont créer du contenu dupliqué.
Surfeurs aléatoires et surfeurs raisonnables
Le principe d’un silo, et le principe de l’algorithme du PageRank, sont des notions qui sont anciennes. Heureusement, Google améliore sa compréhension qu’il a des pages Web, ainsi que du comportement de l’utilisateur.
De base, le PageRank repose sur le principe du surfeur aléatoire. Cela signifie que l’ensemble des liens d’une page vont être pris en compte par le moteur de recherche dans son algorithme, puisqu’ils ont tous la même probabilité d’être cliqués. Si un internaute arrive sur une page A, et que cette page possède 10 liens l’utilisateur a théoriquement autant de chances de cliquer sur chacun d’entre, ce qui fait que le PageRank va attribuer la même popularité à l’ensemble de ces liens.
Dans les faits, l’internaute ne se comporte pas ainsi. Certains liens auront tendance à être davantage cliqués :
- ceux situés en haut de la page ;
- ceux situés à l’intérieur d’un contenu ;
- ceux qui sont le plus proche de la thématique du contenu de la page d'origine.
On parle alors de surfeur raisonnable (brevet de 2010, ce n'est donc pas récent). Et c'est ce que fait Google actuellement : tous les liens d'une page ne se valent pas, et certains vont avoir plus de poids. Il est ainsi préférable d'avoir un lien dans le haut du contenu, plutôt qu'en footer ou en sidebar.
Le surfeur raisonnable
Google a donc heureusement amélioré et modifié son algorithme afin de prendre en compte cette complexité, ce qui lui permet de mieux attribuer la popularité à un lien. Ainsi dans le calcul de la transmission de popularité dans le maillage interne, les liens à l’intérieur du contenu et les liens en haut de page auront donc plus d’importance : à vous donc de faire en sorte que vous liens les plus importants soient correctement mis en avant !